Pourquoi n'y a-t-il plus de téléphones à cadran ?
Suite à la demande répétée de notre fidèle lecteur, Arnulphe Bonpoint, nous répondrons aujourd'hui à cette question qui lui tient à coeur: pourquoi les charmants téléphones à cadran d'autrefois ont-il disparu de la circulation, remplacés par de sinistres téléphones à touches, voire par des smartphones tactiles inélégants?
Pour comprendre le pourquoi du comment, il nous faut d'abord faire un bond en arrière, à l'époque où seul le télégraphe permettait de communiquer à distance. Une chercheuse en télécommunication française du nom de Marceline Duprez de l'Haricot mit au point le premier cadran téléphonique permettant de composer le numéro d'un correspondant. Malgré le côté brillant de l'instrument, ce cadran mesurait deux mètres de hauteur, ce qui en empêcha le succès commercial.
Plus tard, un indien Jivaro trouva le moyen de réduire la taille du cadran à quelques centimètres de diamètre. Aussitôt, l'industrie des télécommunications se rua sur le cadran et l'intégra dans un nouvel appareil: le téléphone. Les années passèrent et les téléphones firent eux-mêmes l'objet d'une miniaturisation, afin de les rendre moins encombrants et plus légers. Ce faisant, le cadrant se réduisit comme une peau de chagrin, jusqu'à atteindre une dimension tellement réduite que les doigts des utilisateurs restaient fréquemment coincés dans les trous destinés à la composition des numéros.
Les accidents de téléphones commencèrent à se répandre, les victimes à faire des procès aux fabricants. L'héritier de l'inventeur du cadran, Jean Duprez de l'Haricot, fut même traîné dans la boue et mourut sur la paille. L'industrie des télécommunications tout entière était en proie au désespoir: allait-il falloir supprimer les téléphones et revenir à l'âge des signaux de fumée ou du tam-tam?
Il faut dire que les "accidentés du cadran", comme on les appelait à l'époque, se retrouvaient dans un sale état, suite à leurs mésaventures téléphoniques. Les doigts étaient tordus, emmêlés, entortillés, embrouillés comme jamais depuis la naissance de l'Homo Sapiens. Des pianistes de renom durent mettre fin à leur carrière, des innocents renoncèrent pour le restant de leurs jours à se gratter le dos. C'est à cette époque que fut inventée l'expression "tu te mets le doigt dans l'oeil", car cet incident était devenu quotidien.
C'est alors qu'un pianiste accidenté, justement, Lorenzaccio Di Multo, eut une idée de génie: remplacer le cadran rotatif par un clavier à touches, inspiré du piano, chaque touche correspondant non pas à une note de musique mais à un chiffre!
Les fabricants de téléphone, soulagés, se ruèrent sur l'invention. Les doigts des clients étaient sauvés et leur marché aussi. Mais c'était la mort annoncée du cadran téléphonique rotatif...
Le clavier connut un tel succès qu'il fut même adopté, bien après, par l'industrie du téléphone cellulaire et par les écrans tactiles. Du coup, certains nostalgiques, tel notre cher lecteur Arnulphe Bonpoint, continuent à penser que quelque chose ne tourne pas rond dans le petit monde du téléphone. Mais c'est le prix à payer pour que nos concitoyens puissent de nouveau se gratter là où ça leur démange.
Pr Martino Kalo
A demain pour une nouvelle grande question de notre temps.